Après plusieurs décennies de baisse, les taux de rendement des fonds en euros des assurances-vie ont globalement augmenté en 2022.
C’est une bonne nouvelle pour les épargnants même si, en réalité, cette hausse ne couvre pas l’inflation galopante.
Mais d’où vient cette hausse des taux de rendement des fonds en euros ? Est-elle si naturelle que cela ? Explications de nos conseillers en gestion de patrimoine.
Quel est l’impact de la remontée des taux directeurs sur les fonds en euros ?
Comme vous le savez, les fonds en euros des assurances-vie sont très largement composés d’obligations d’états ou d’entreprises.
A titre d’exemple, le fonds Suravenir Rendement de Grisbee Vie, l’une des assurances-vie que nous proposons chez Grisbee, était composé de 83,4% d’obligations au 31 décembre 2022 :
Or, les obligations ont bénéficié des hausses des taux directeurs décidées par les banques centrales.
En effet, compte tenu de ces hausses de taux, les nouvelles obligations sont émises à des taux attractifs et séduisent donc les investisseurs. L’OAT 10 ans (Obligations Assimilables du Trésor français sur 10 ans) a ainsi gagné trois points en un an, passant de près de 0% fin 2021 à plus de 3%. Pour les obligations d’entreprises aussi l’écart est important, entre par exemple des titres qui affichaient un rendement inférieur à 1% en 2021 et des titres émis actuellement à plus de 4%.
Le fait que les assureurs aient accès à ces obligations nouvelles, mieux rémunérées, est donc de nature à augmenter le rendement des fonds en euros.
Mais, à l’inverse, cette remontée des taux a un impact négatif sur les anciennes obligations détenues par les assureurs : émises à des taux faibles, elles perdent de leur attractivité et donc de leur valeur.
En attendant que les stocks détenus soient cédés ou arrivent à échéance, ces actifs non performants tirent donc les rendements des fonds en euros vers le bas.
La compensation de la faible performance de ces stocks par les nouveaux investissements plus rentables est en cours, mais elle est progressive. Elle est même ralentie par une faible collecte ces derniers mois sur les fonds en euros.
C’est la raison pour laquelle les rendements des fonds en euros, même s’ils ont augmenté en 2022, sont globalement inférieurs au taux d’intérêt des nouvelles obligations.
La Provision pour Participation aux Bénéfices, soutien du rendement des fonds euros
Pour servir un rendement en hausse, les assureurs peuvent aussi compter sur les réserves précédemment accumulées.
En effet, les assureurs constituent des Provisions pour Participation aux Bénéfices (PPB). Ce nom, quelque peu barbare, signifie simplement que les assureurs ne sont pas obligés de distribuer tout le résultat dégagé par leurs fonds en euros. Ils peuvent constituer une provision, pour placer en réserve une partie de ce résultat.
Cette PPB est utilisée par les assureurs pour faire face aux aléas financiers et aux contraintes réglementaires.
Cela peut par exemple leur permettre de lisser les résultats sur plusieurs années, afin de distribuer aux assurés une rémunération satisfaisante sur une longue période.
Cette provision appartient aux assurés : les assureurs ont en effet l’obligation de leur restituer la performance non distribuée dans les 8 ans. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on parle de provision : il s’agit d’une dette vis-à-vis des investisseurs.
Or la Provision pour Participation aux Bénéfices a généralement beaucoup augmenté ces dernières années.
Certains assureurs ont donc puisé en 2022 dans cette manne, afin d’accompagner la remontée des taux, en attendant que les nouvelles sommes investies prennent le relais.
Quels rendements des fonds en euros attendre en 2023 ?
En toute logique, dans le contexte actuel d’inflation et de poursuite de la remontée des taux directeurs, la performance des fonds en euros devrait continuer à progresser cette année.
Bonne nouvelle pour les fonds en euros : une nouvelle augmentation de 50 points de base des taux directeurs a été annoncée par la BCE le 16 mars.
La rotation des stocks d’obligations va se poursuivre et les assureurs pourront également puiser dans leurs provisions si besoin.
Pour autant, chaque assureur a une situation et une gestion des fonds confiés qui lui est propre et qui sera déterminante pour la performance future dégagée. Et les rendements passés ne préjugent toujours pas des rendements futurs…
Mais, pour les assureurs, il s’agit tout de même d’un retour progressif à la normale, après des années improbables et historiques de taux d’intérêts nuls voire négatifs.
En conclusion, la phase de transition induite par cette remontée des taux directeurs, si elle n’est pas aussi complexe que pour le marché immobilier, n’est pas pour autant évidente !