Mise en place par le gouvernement d’Emmanuel Macron, la flat tax est le nouveau Prélèvement Forfaitaire Unique de 30% (ou PFU), qui s’applique sur une grande partie des revenus des placements financiers. L’objectif de la flat tax est de simplifier la fiscalité du capital et d’être plus comparable à la fiscalité européenne, afin d’attirer les investisseurs.
Observe-t-on d’ores et déjà des impacts sur l’épargne des Français ? Quelles conséquences en attendre à plus long terme ? Décryptage.
La révolution se fait attendre…
L’objectif premier de la création de la flat tax était d’aligner notre fiscalité sur celle de nos voisins européens. Mais ce n’est pas tout ! Cette réforme visait également à inciter les Français à sortir des placements garantis (fonds euros, livrets d’épargne…) et de l’immobilier. Objectif visé : flécher l’épargne vers l’économie réelle de notre pays.
Et avec un taux de 30% (17,2% de cotisations sociales et 12,8% d’impôt sur le revenu), la flat tax est en effet attractive par rapport à la fiscalité antérieure. Du fait de l’augmentation de la CSG, la fiscalité du capital aurait pu atteindre 62,2% des revenus sans cette réforme (jusqu’à 45% d’impôt sur le revenu et 17,2% de cotisations sociales) !
Le gouvernement comptait donc sur l’attractivité de cette nouvelle fiscalité pour modifier le comportement des Français.
A ce stade, la flat tax n’a pas révolutionné le monde, et pour cause : peu de contribuables ont mesuré son impact sur leurs revenus financiers. En effet, les impôts payés en 2018 sur les revenus de 2017 n’intégraient pas encore cette flat tax. Nous en verrons probablement davantage les effets l’an prochain !
Quels seront les grands gagnants de la flat tax ?
Christian Pfister, adjoint du directeur des statistiques de la Banque de France, s’est penché sur la question. Sur la base d’une enquête de l’AMF, il remarque que la fiscalité n’est “que” le troisième critère de choix cité par les Français en matière d’épargne. Ceux-ci disent privilégier avant tout le niveau de risque et le rendement attendu. En écartant la question fiscale, ils arbitrent donc en jaugeant l’équilibre rendement-risque d’un placement.
Pour autant, cet économiste rappelle que les ménages français s’orientent dans les faits vers des placements tels que l’assurance-vie ou encore les livrets d’épargne réglementée… notamment à cause de la carotte fiscale ! Ca se complique !
Le PFU contribue à rendre le critère fiscal moins déterminant. Peu à peu, la fiscalité des différentes placements financiers s’harmonise. Progressivement, les épargnants devraient donc prendre uniquement en compte le ratio rendement-risque de leurs investissements.
Selon Christian Pfister, les grands gagnants seront les Plans d’épargne en actions (PEA), les comptes-titres et les fonds d’investissement.
Et si la révolution venait d’ailleurs ?
De notre point de vue, il n’est pas certain que les épargnants se ruent sur les placements non garantis… même s’ils présentent un couple rendement / risque plus intéressant. Tant que les fonds en euros des assurances-vie resteront attractifs, accessibles et continueront de bénéficier d’un avantage fiscal, il n’est pas évident qu’il y ait un véritable bouleversement.
Seuls les épargnants les plus avertis, acceptant d’ores et déjà une dose de risque, pourraient davantage investir dans les supports non garantis. Si ces ménages ont de l’immobilier, ils pourraient également réorienter une partie de leur patrimoine vers les placements financiers. Exclu de la flat tax et grand perdant de la réforme de l’ISF, l’immobilier devient en effet de moins en moins compétitif.
En revanche, s’il n’est pas suffisamment porté par la fiscalité du capital, le bouleversement pourrait bien venir des assureurs ! Avec les contraintes qu’ils doivent respecter en matière de fonds propres, ceux-ci font en effet beaucoup d’efforts pour ré-orienter les épargnants vers des supports plus dynamiques.
A titre d’exemples, les fonds euros stars du marché (Sécurité Pierre Euro, Suravenir Opportunités ou encore Euro Allocation long terme) sont tous accessibles sous réserve d’un versement sur des supports en unités de compte non garanties en capital !
Au final, l’objectif de l’Etat pourrait donc être atteint, et les Français pourraient définitivement être aiguillés vers la destination souhaitée…